L'histoire d'un jour...[PV Street Love-Appollon]

[Je viens de me rendre compte que Street Love n'est même pas présentée ! Donc je viens avec Street Hearth, si ça ne te dérange pas]

Street Hearth était une magnifique et fine jument baie cerise, très timide et peureuse. Sa robe luisante réfléchissait et diffractait les rayons du soleil couchant à l'infini. Elle était telle une étoile descendue sur la Terre. Elle avançait dans un trot aérien à travers la clairière lumineuse, solitaire et heureuse. Elle n'était accompagnée ni par sa jumelle dominante, ni par sa mère froide et distante. Même si elle se doutait bien que Secret Love n'avait pas toujours eu cet horrible caractère, elle ne l'avait jamais connue autrement. Elle n'avait pas reçu beaucoup d'amour maternelle et la préférence que la pie avait pour Street Love était nettement visible. Hearth vivait donc en retrait, dans l'ombre, sans jamais se montré ou dire quoi que ce soit. Elle avait l'habitude car depuis sa naissance c'était comme ça. Love avait tout, elle, rien. Et leur mère n'avait jamais pensé à les traiter en égale... Question éducation, on ne pouvait pas dire que la jument de cinq ans était très douée ! Mais Hearth, c'était sûr, ferait une bonne mère. Pour autant qu'elle trouve un étalon qui ne soit pas aveuglé par sa soeur et qui, du coup, ne la voit pas. Dans ce domaine là aussi, la baie était malchanceuse : les étalons ne regardait que la jument alezane et elle, c'était à peine si ils la remarquaient.

Elle repassa au pas car elle venait de sentir la présence d'un autre équidé. Se dirigeant vers la source de l'odeur, elle comprit qu'elle avait affaire à un étalon. Curieuse, elle s'avança vers lui et s'arrêta à un ou deux mètres. Elle ne prononça aucunes paroles, bien trop timide pour engager la conversation.

[Roh la la !!! Ca c'est direct tiré du pacte des Marchombres !]

Street Hearth adressa un timide et penaud sourire à l'étalon. Il l'avait tutoyé comme s'ils se connaissaient depuis des années et Hearth ne s'en formalisa pas. Et si cela l'avait gênée, elle n'aurait rien dit. Bien trop timide et réservée. Souffrir en silence. Toujours.
Cette jument baie avait sans doute de nombreux défauts, comparée à sa soeur que tout le monde prenait pour l'incarnation de la perfection. Mais elle avait au moins une qualité, et de taille : jamais personne ne l'avait entendu se plaindre. Et personne ne l'entendrait jamais.
Pourquoi tout le monde trouvait que Street Love était parfaite ? Simplement parce qu'il succombait à sa beauté. Love était une charmeuse dans l'âme, une manipulatrice, arrogante, méchante, sadique... Tout ses charmes n'avaient aucuns effets sur seulement de personne : sa mère, Secret Love, et sa soeur, qu'elle ne regardait même pas.
Son toupet noir retombait en cascade sur ses yeux, masquant au monde son regard plus triste que les nuits. Et quand bien même elle l'aurait montré, personne ne l'aurait remarqué. Elle était invisible. Translucide. Depuis sa venue au monde.
Elle poussa un soupir, imperceptible. Puis elle se décida à répondre :

-Je me balade. Et toi, qui es-tu ? Que fais-tu là ?

La jument baie avait remarqué l'oiseau qui avait élu domicile dans la crinière de l'étalon. Celui là n'en paraissait pas gêné et n'avait pas songé à la déloger. Cela ne surprit même pas Street Hearth. Plus rien ne l'étonnait.

Je trouvais la jument très triste. Sur son visage semblait figé à jamais un masque de douleur qui me brisait le coeur. Pour sûr, elle et moi, on n'avais pas eu la même éducation ! Sa douleur était insupportable, et personne ne s'en rendait compte. J'avais brusquement envie de balancer Secret Love et sa chouchoute dans un ravin et d'aller apprendre le bonheur à Street Heart. Je me rapprocha encore un peu et répondit, d'une voix heureuse :

"Eh bien, comme toi, je me balade. de toute façons, qu'est-ce qu'on pourrait faire d'autre ? Et puis c'est un endroit magnifique."

Je regardai les yeux de la jument. Mais il était difficile de les voir. Je lisais une trop grande souffrance : comment une jument pourrais en supporter autant ? NON ! Je devais réagir, et faire tout ce que je pouvais pour éviter ces souffrances ! C'était à présent dans mon corps tout entier pire que de la révolte, pire que de la fureur. Pire que tout. Il se rapprocha encore un peu et souffla avec douceur :

"Elles ne le mérite pas. Cesse d'être timide, cesse de t'incliner. C'est ta vie. ils croient que tu es la petite jument bien sage qui reste dans l'ombre et subis sans rien dire ? Prouve-leur le contraire ! Tu n'es personne pour eux. Mais c'est faux ! Tu vaudras ce que tu décideras de valoir. Ne laisse jamais personne te dire le contraire !"

J'avais un peu envie de pleurer. Pour cette vie sans couleur. Pour cette jument si terne, si morne. Alors qu'elle ne pleurais pas. Avait-elle encore un sentiment ? Juste un tout petit ? J'éffleuras avec mes naseaux son encolure marron foncé. Je ne savais pas trop si je pouvais faire plus. Certaines juments ne supportent pas qu'on les touchent.

[Non seulement je connais le parce des marchombres, la quête et les mondes d'Ewilan, l'Autre et tout un tas d'autres trucs mais J'ADORE ! Et je sais reconnaître les phrases (puisque je connais par coeur !) ^^]

Street Hearth recula de quelques pas -non pas qu'elle n'aimait pas qu'on la touche mais parce qu'elle n'aimait pas être trop près des autres- et son regard se perdit un instant vers l'horizon. Au fond d'elle, elle sentait que les paroles de l'étalon était on ne peut plus justes et que le nier lui était impossible. Mais ce qu'il avait oublié, c'est qu'il fallait du courage pour faire ce qu'il disait. Un courage que la baie ne possédait pas. Malgré les souffrances, elle aimait sa mère et sa soeur. Elles étaient sa seule et unique famille, son père étant un total inconnu.
Question dominance, elle se fichait éperdument que ce soit sa soeur qui prenne les commandes du troupeau. A vrai dire, cela l'arrangeait. Elle détestait être mise en valeur, que tout les regards se tournent vers elle, être le centre de l'attention... Résultat de son éducation. Aussi simple que ça.
Street Hearth remarqua que l'étalon n'avait pas répondu à sa question. Elle la reposa donc.

-Qui es-tu ?

Son ton n'était pas autoritaire ni arrogant. Il était... Envoûtant. Une voix douce et dépourvue d'agressivité. Une voix d'ange. Un ange de l'ombre.
Elle ne prit même pas la peine d'attendre que l'étalon réponde à sa question, déjà elle poursuivait :

-Ce que tu dis là est certes séduisant et dit toi bien que j'y est déjà pensé. Mais je ne peux pas. Tu sais ce qu'est le courage ? Eh bien je n'en ai pas. Pas pour ça.

Le vent, qui s'était levé brusquement, souleva son toupet, démasquant ses yeux. Son regard aurait suffit à ébranler le diable en personne. C'était un regard rêveur. Innocent. Angélique. Enfantin. Et qui était pourtant empreint toute les souffrances et la tristesse du monde. Ce regard là avait déjà vécu beaucoup de choses, traversés plus d'épreuves que bien des chevaux, même plus âgés. Son corps disait qu'elle avait trois ans. Peut-être quatre. Ses yeux disaient mille.